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Un an sans plastique? Rencontre avec Evelyne Charuest, membre du Réseau.

couverture et portrait

 

 

Zéro déchet, zéro plastique… Durant un an, Evelyne et sa famille se sont lancé le défi de diminuer leur empreinte écologique, en réduisant la quantité de plastique au quotidien. Nous l’avons rencontré pour en apprendre davantage.

 

Qu’est-ce qui t’a motivé à commencer ce projet? Quel a été l’élément déclencheur?

Je suis maman de deux enfants. Forcément, ma consommation a beaucoup changé à leur arrivée ! J’ai pris conscience de l’omniprésence du plastique avec les jouets, les couches, les emballages des collations… J’ai habité à Vancouver, où la cueillette sélective se fait différemment, avec notamment des compartiments dans les camions de récupération. À mon retour au Québec, j’avais l’impression de crouler sous les déchets de plastique. Pourtant, ma consommation me semblait la même. J’ai voulu savoir pourquoi le plastique se trouvait partout où je posais le regard. Et à quoi ressemblerait ma vie sans plastique. Le projet était lancé !

 

Comment as-tu réussi à trouver des alternatives pour remplacer les produits jetables qui nous paraissent incontournables?

C’est vrai que les mouchoirs, les pellicules de plastique et les sacs à sandwich refermables paraissent irremplaçables ! Et pourtant ! Nous avons rapidement adopté les mouchoirs lavables, si doux et agréables pour la peau. Nous n’avons pas non plus d’essuie-tout. Ils ont quitté notre cuisine en 2019 et n’y sont jamais revenus. En cas de dégât, un chiffon fait très bien l’affaire ! J’ai trouvé les pellicules en cire d’abeille particulièrement difficiles à laver, je n’ai pas poursuivi leur utilisation. Par contre, les couvre-plats réutilisables et les sacs refermables en silicone ont le statut d’incontournables chez moi !

 
Aussi, nous n’utilisons plus de sacs-poubelle. Les déchets s’entassent dans le contenant, tout simplement. Grâce au compostage municipal, tout ce qui se trouve dans la poubelle est sec, donc sans odeur. Il suffit d’essayer les alternatives proposées, d’évaluer si ça nous convient et d’en faire une habitude, ou pas ! 

 

Avez-vous constaté certaines économies financières en adoptant le zéro plastique? Si oui, lesquelles?

Nous avons réalisé des économies sur les mets pour emporter du restaurant, car nous y avons renoncé. Même chose pour l’achat de vêtements. 

Pour les aliments, c’est plutôt le contraire que nous avons remarqué. Les aliments en vrac sont à peu près au même prix que ceux qu’on trouve en supermarché. Par contre, en voulant éliminer les emballages au comptoir des viandes et des poissons, nous avons exclusivement fréquenté le boucher et le poissonnier. Leurs prix sont généralement plus élevés. Il faut dire que nous étions intransigeants ; s’il y avait le moindre plastique dans l’emballage, l’aliment n’entrait pas dans la maison. Nous avons donc consommé des produits locaux, en saison, peu emballés, souvent bios. Finalement, notre facture d’épicerie a doublé cette année-là. 

 

Quels ont été les plus grands défis pendant cette année?
Plusieurs défis de taille m’ont compliqué la vie ! D’abord l’habillement. Il est très difficile de trouver des vêtements sans matières synthétiques. Dès qu’il y a de l’élasticité dans un vêtement — pensez aux sous-vêtements et chaussettes — on y trouve de l’élasthanne, qu’on appelle aussi Lycra. J’ai bien survécu à l’hiver dans mes bottes de cuir, mes lainages et mon chapeau de fourrure, mais le confort n’y était pas, c’est le moins qu’on puisse dire !

 

Pendant le projet, j’ai fait du refus mon arme la plus efficace. J’ai répété « non merci » à profusion, devant les offres de sacs de plastique à la caisse, d’échantillons à la pharmacie, de pailles ou de couvercle au café. Malgré toute ma bonne volonté, les enfants revenaient de l’école et de la garderie avec toutes sortes de bidules de plastique. Jouets, autocollants, balles. C’était pour moi une autre preuve de l’omniprésence du plastique, pour les petits et grands objets du quotidien. 

 

C’était plus difficile pour les parents ou les enfants?

Étonnamment, les enfants n’ont pas beaucoup souffert de l’expérience. Je pense qu’ils avaient l’âge idéal à 4 et 6 ans. À l’adolescence, j’aurais certainement eu droit à une plus forte opposition ! À chaque demande pour un objet inutile de plastique, ils connaissaient la chanson : « C’est du plastique, c’est non. »

 

Les parents ont gagné leur ciel cette année-là ! On avait poussé l’audace jusqu’à ranger les petits appareils ménagers, comme l’aspirateur et le pied mélangeur. On a tout fait à l’ancienne, avec des résultats décevants. Mon mari et moi avons trimé dur pendant la saison froide, sans vêtements adéquats, sans fruits et légumes frais…

 

Que souhaites-tu que les gens retiennent de ton expérience et de leur lecture ou de leur visionnement de Ciao plastique?

D’abord, je n’ai pas la prétention de dire quoi faire à quiconque. Chacun fait les choix qui lui conviennent, selon ses capacités, son budget, ses valeurs. La quête a permis de comprendre pourquoi nous sommes collectivement dépendants du plastique. C’est en effet une matière miraculeuse, malléable, légère, polyvalente, abordable. À mes yeux, il y a deux problèmes avec le plastique : on le surutilise et on gère mal sa fin de vie. Seulement 8 à 10 % du plastique est recyclé au Canada et 1 % se retrouve dans la nature chaque année. La majorité de nos objets de plastique se retrouvent à l’enfouissement. 

Pour agir, il faut d’abord comprendre. Et j’espère humblement contribuer à ce premier pas. 

 

Ciao Plastique! est disponible en format livre chez Les éditions de l'homme. Vous pouvez également visionner la série sur ICI tou.tv, ou écouter en version radiophonique.