Gaïa et demain !!!

28 juin 2021

Femmes en environnement

Par France Levert, administratrice du Réseau des femmes en environnement

Gaïa aura trois ans dans quelques jours. C’est une enfant éveillée et émerveillée par les découvertes qu’elle fait tous les jours dans la « grande nature » ou la « petite nature » qu’elle côtoie dans sa cour du quartier Rosemont : fourmis industrieuses, insectes pollinisateurs qui butinent les fleurs, oiseaux chanteurs et fins connaisseurs des petits fruits comme les fraises et amélanches (ou saskatoon en langue Cri).

Mais que sera demain pour Gaïa ?

Gaïa a fait son entrée dans la vie dans un monde où crises écologique et climatique sont une réalité même si des décideurs et pas des moindres en nient ou en réduisent l’importance. 

Mais d’autres s’engagent et c’est rassurant ! Ainsi sur le plan du climat, selon Damon Matthew de l’Université Concordia[1], dans le monde, 826 municipalités (plus de 400 au Québec en décembre 2020), 103 régions, 1 565 organisations se sont données des objectifs de carbo-neutralité (zéro émission de gaz à effet de serre (GES)). Ce n’est pas négligeable ! Mais de l’engagement à l’action, est-ce que cela avance ? Oui et non. Par exemple, selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE, rapport de mai 2021), à peine le quart des promesses de zéro émission nette sont présentement inscrites dans les législations nationales et encore moins dans un plan de concrétisation. Et même si ces engagements sont respectés, ils sont loin de correspondre à ce qui est nécessaire pour atteindre le « zéro émission » d’ici 2050. Un impératif si l’on ne veut pas dépasser le seuil critique de réchauffement selon les experts mondiaux. Parmi les pays du G7, seul le Canada montre un bilan carbone en croissance. Le Québec fait meilleure figure, mais on peine à voir, en se basant sur ce que le gouvernement actuel a annoncé, si l’objectif zéro sera atteint en 2050. Là, c’est moins rassurant ! Et toujours selon l’AIE, pour la seule part de la transition énergétique, des investissements de l’ordre de 4 000 milliards de dollars par an seraient nécessaires d’ici 2030 !

En 2030, Gaïa aura à peine 12 ans et, en 2050, 32 ans. Malgré son jeune âge, elle a déjà connu une pandémie mondiale et vu son entourage se couvrir de masques si bien qu’elle revendique le sien comme elle revendique son autonomie dans plein de gestes au quotidien. Faute d’actions musclées et de virages majeurs que l’on peine à voir actuellement, on nous annonce d’autres pandémies et phénomènes inédits pour le futur ayant des conséquences environnementales et sociales majeures. La crise de la COVID-19, dont nous ne sommes pas encore sorties, a fait « couler beaucoup d’encre » sur les conséquences sociales et économiques des confinements comme sur les impacts positifs sur l’environnement de ce monde en mode « slow ». On a aussi découvert que nos gouvernements peuvent investir rapidement des sommes considérables pour le bien collectif. Saurons-nous tirer les conclusions de ces mois d’exception de manière à agir pour changer drastiquement le monde sous peine de crises encore plus profondes ? Il faut l’espérer ! La mémoire collective est trop souvent à courte vue et les politiciens sont bien pressés de revenir à une « normale » ayant bonne presse en contexte d’élection.

Un milieu de vie rêvé pour Gaïa !

Mais en attendant, à quoi pourrait ressembler un monde plus juste et vert pour Gaïa. Voici quelques pistes et idées en parlant de milieu de vie et de déplacements à partir de réflexions partagées en 2020 en plein au cœur d’une première année « covidienne » :

  • Comme ses parents, Gaïa est déjà une adepte de la mobilité active : vélo, trottinette et course à toute jambe. Le transport collectif la ravit. D’autres modèles de mobilité en mode actif et collectif sont indispensables à son futur : solutions électriques, de partage ou immobiles avec du virtuel bien en place dans la sobriété évidemment.
  • Dans le quartier où elle vit, tout ou presque est accessible à pied, à vélo ou en bus en quelques minutes : travail, épiceries, commerces (zéro-déchets), écoles, garderies, parcs où jouer avec les amis, cafés, centres culturels, etc. Même la nonna (c’est moi !) et les zie (le papa est italien) ne sont pas loin !!! Gaïa choisira sa vie et j’espère qu’elle pourra s’épanouir dans une ville, un quartier ou un village, de plus en plus nombreux, à la fois verts, mixtes, compacts et conviviaux. Des milieux de vie où on pourra aussi compter sur et avec ses voisins : agriculteurs.trices et jardinier.ères, réparateur.trices et réutilisateur.trices inventif.ves. Où tous les espaces disponibles riches en biodiversité produiront une nourriture de proximité.
  • Comme citoyenne, elle fera valoir tout cela auprès des élus.es de tout niveau – c’est compliqué nos trois niveaux de gouvernement, mais les municipalités peuvent faire beaucoup.
  • Comme fille, jeune femme, puis femme et peut-être mère à son tour, elle vivra une charge mentale et du temps de conciliation bien partagée avec la deuxième moitié de son ménage (non-binaire ou autre, j’en perds parfois les mots justes !)
  • En fait, on pourrait poursuivre encore et encore… Mais, je dois dire que ce qui compte c’est aussi…

De la magie et de la beauté pour Gaïa!

Ah oui, Gaïa, c’est ma petite fille ! Et pour finir, alors que tant d’autres choses pourraient être dites, je souhaite que Gaïa garde la magie de la découverte et reste sensible à la beauté de la nature et des écosystèmes si essentiels à la vie, la nôtre et celles de tous les êtres vivants ! Et qui sont d’une grande inventivité et résilience dans des conditions trop souvent difficiles. Un exemple à suivre !

France L .

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